Wicked Game (Nikolaï)

Quel drôle d'endroit. Pour un rendez-vous. Non non, c'est l'endroit parfait. Celui des amoureux, où ils se retrouvent en secret. Oui. Oui mais. Tu n'es pas là, ma belle Cassandre, pour révéler ton engouement pour ce garçon. Tu n'es pas là pour l'embrasser. Lui dire ces mots dont tu ne connais même plus la valeur. Murmuré pour une poignée de blé en plus. Murmuré pour avoir ceux que tu veux au milieu de tes draps. Tu perds la valeur de tout. Ici n'est pour toi qu'un lieu étrange. Sans passion. Juste avec quelques rêves éméchés, brisés, le long des murs, qui traînent les pieds. Ce ne sont pas les tiens. Jamais. Jamais tu ne diras ces mots. En les pensant. En les ressentant. Ils ne sont pas pour toi. Cet endroit non plus. Mais Cassandre, ma belle. Tu sais très bien. Tu sais très bien que cet endroit n'afflue pas. Que le jour où tu claques des doigts, on te laisse la place. Alors tu es venu le cherché. A la sortie de l'un de ces cours. Tu es venu l'attrapé. Par la manche. Avec ce même sourire. Sans un mot. Avec ce rire au coin des lèvres qui refuse d'éclater. Avec ce rire au coin des lèvres que tu savoures tellement tu le sais présent. Et jamais tu ne montres tes dents. Ne réponds à aucune de ces questions. Tu te contentes de te retourner, de lui indiquer, d'un geste de la main, qu'il doit te suivre. Que c'est important. Ni pour toi, ni pour lui. Encore moins pour vous. Juste pour ce jeu. Cet horrible jeu. Et tu claques des doigts. Pour retenir son attention. Et tu claques des doigts quand le bruit de tes pas se fait plus léger. Pour le distraire. Pour qu'il ne se rende pas compte. D'où tu l'amène. Hypnotises le à ta manière. Sans te déhancher comme n'importe quoi. Sans relever ta jupe encore plus haut. Juste en attirant l'attention d'un regard par dessus l'épaule. D'une main aveugle qui attrape son uniforme.
Et vous voilà dans cette tour. Cette tour que tu ne nommeras pas. Il n'y en a aucun intérêt. Tu le laisse entrer. Le tire vers l'intérieur. Avant de poser un verrou. Avec ce sourire qui s'étire. Tu montres les crocs, on dirait. Ta main viens se passer dans tes cheveux avant que tu t'approches un peu plus de lui. A l'abris des regards. Parmi les charmes. Pas un mot. Surtout pas. Tu ne veux pas prendre la parole. Pas encore. Tu préfère l’excéder légèrement avant. Le rendre vulnérable. Et surtout, tu te dis, qu'il ne faut pas perdre patience. Tu lâche ton sac. Qui s'écrase lamentablement sur le sol. Et tu le regarde. Maintiens le bleu de ses yeux. Avant de laisser un rictus s'échapper.

« Pourquoi tu m'as suivi ? »

Et tu lui poses la question. Le met devant le fait accomplis. Il avait bien le droit, de s'en aller, retourner à ses affaires, te laisser tomber. Tu sais. Tu sais que tu veux l’envoûter. Et surtout, tu sais que tu veux qu'il lutte. Contre toi. Contre votre jeu. Pour savourer la victoire encore mieux. Pour que lui se rende compte de sa défaite. Parce qu'il est de ces jeux, où l'on veut plus que gagner. Écraser l'autre. Le mettre plus bas que terre. Qu'importe le prix. Quitte à perdre, entraîner l'autre dans sa chute, puis tenter de garder la face, de se dire qu'on avait tout prévu. Mais toi, Lipovsky, que vas tu faire ? Tu n'as plus ce cachet que tu as acheté à Ludvik. Réduit en poussière sous une vitrine. Réduit en cendre par ton incendie. Tu as renoncé. Tu as encore cette clope. Que tu sors. Devant lui. Tu as encore cette clope. Qu'il t'as offerte. La coince entre tes lèvres. Sans l'allumer. Sans rien en faire. Et tu attends. De tout savoir. Parce qu'au fond, tu es curieuse. Et surtout, tu veux le connaître. Juste pour mieux le détruire.

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